| résumé
| formation du Jura | temps
géologiques | situation | tectonique
| formation | hydrogéologie
[résumé]
- Grotte karstique
active parcourue par l'Orbe, une rivière qui emprunte un parcours
d'abord subaérien (vallée de Joux), puis souterrain (près
de 3 km) avant de rejaillir dans le vallon de Vallorbe, quelques 300
m plus bas.
- Âge du creusement
de la grotte : env. 7 Ma
(début du Pliocène)
; synchrone à la mise en place du bassin fermé de la vallée
de Joux.
- Cavité correspondant
à la plus grosse émergence karstique de Suisse (en débit
moyen).
[situation]
Situées au SW
de Vallorbe dans le Jura vaudois (près de la frontière française),
les grottes de la résurgence
de l'Orbe sont formées dans des parois calcaires
qui constituent un raccord entre les anticlinaux
du Risoux au NW et de la Dent de Vaulion au SE.
[tectonique]
La vallée de Joux (la Vallée) est une zone
synclinale
complexe comprise entre les chaînes anticlinales du Risoux et du
Mt-Tendre. A l'E de ses deux lacs son contenu est écrasé
par le rapprochement des anticlinaux qui l'encadrent, puis partiellement
recouvert par le chevauchement
de Bucley-Dent de Vaulion. Ces accidents sont liés à l'activité
d'une grande cassure, le décrochement
de Pontarlier, qui rompt l'arc interne jurassien de Montricher à
Pontarlier, en traversant la région de la source de l'Orbe, entre
le lac de Joux et Vallorbe.
La source et la grotte de l'Orbe sont situées dans un repli synclinal
du Risoux. Elles sont creusées dans les calcaires d'âge séquanien(153
Ma), légèrement au-dessus des marno
-calcaires imperméables de l'Argovien.
La direction S légèrement E de la partie aménagée
de la grotte est déterminée par le réseau de fissuration.
Le tracé de l'Orbe souterraine suit le synclinal du lac Brenet
jusqu'à la combe d'Orzeires où il prend une direction N.
[formation
& géomorphologie]
Evolution du relief
(D'après D. Aubert)
L'évolution du relief jurassien a commencé lors de la régression
du Crétacé
supérieur, s'est poursuivie pendant l'Eocène
et a repris après le retrait de la mer miocène
jusqu'à nos jours. Il ne reste aujourd'hui quasiment pas de traces
de ces événements (si ce n'est pour les plus récents).
On sait pourtant qu'à l'Oligocène
une rivière jurassienne, une sorte d'Orbe primitive, se jetait
dans les lagunes du pied du Jura, entre Pompaples et Orbe. Une ride tectonique
existait à la vallée de Joux, comprenant le synclinal du
lac Brenet et l'anticlinal de la Côte ; elle constituait déjà
à l'époque un drain karstique qui reste encore aujourd'hui
le principal exutoire des aquifères de la Vallée.
Les grands traits du relief actuel sont vieux de 7 Ma, époque à
laquelle le bassin fermé de la vallée de Joux s'est mis
en place. On assiste d'abord à la mise en place parallèle
des chaînes du Mt-Tendre et du Risoux plus à l'ouest. Après
cet événement intervient un autre phénomène
géologique qui sera déterminant pour la suite : il s'agit
d'une gigantesque faille (le décrochement de Pontarlier) de direction
N-S qui entraîne le déplacement complet d'une montagne, la
Dent de Vaulion, et ainsi crée un véritable barrage naturel
qui va isoler la vallée de Joux. Alors les eaux
météoriques profitent des couches calcaires pour
s'infiltrer dans le sol et ainsi s'échapper de la vallée
fermée. Le "plateau" qui sépare désormais
la vallée de la région de Vallorbe est ensuite façonné
par l'érosion karstique qui petit à petit approfondit et
organise un double réseau karstique souterrain. En effet, les eaux
souterraines contournent un petit anticlinal (de la Roche des Arcs) pour
presque reconverger et réapparaître à l'air libre
près de Vallorbe, dans une profonde vallée d'érosion
de près de 800 m de long : la reculée
de la Dernier.
L'évolution du relief s'est faite en fonction de la tectonique
et des conditions climatiques : durant les glaciations, le processus érosif
karstique est suspendu pour reprendre dès la fonte des glaces.
Avant la dernière glaciation les lacs de Joux n'existent pas (tout
au mieux ils doivent être minuscules) ; l'exutoire de la haute vallée
est déjà hypogé
tandis qu'au niveau des résurgences, la reculée a quasiment
adopté sa morphologie actuelle. Lors du retrait würmien
le niveau du lac atteint 1050m.
L'écoulement souterrain correspond à l'ancien cours ; en
effet il suit le synclinal du lac Brenet puis la direction des fissures
d'accompagnement des décrochements. Il débute au sommet
dans les calcaires du Malm
et aboutit à leur base.
Le "plateau"
Existence d'un réseau de vallons d'érosion dont le collecteur
débouche dans le couloir du cirque des grottes. La morphologie
de ce "plateau" jurassien et calcaire a été façonnée
après le plissement de la chaîne, pendant le Pliocène
et le Quaternaire.
Les incisions d'origine torrentielles datent de la période de déglaciation.
La reculée de La Dernier
l'Orbe inférieure prend sa source dans le fonds d'une profonde
vallée d'érosion, une reculée, creusée dans
une zone structuralement déprimée de l'anticlinal du Risoux,
avant de déboucher dans la cuvette de Vallorbe.
La reculée comporte trois cirques qui bout à bout forment
vaguement un demi-cercle. Un processus d'érosion régressive
(fissuration / suintements / gélifraction)
y entame les parois. Le fond de la reculée est occupé par
de la moraine
jurassienne riche en blocs éboulés qui eux affleurent en
surface. la présence de cette moraine sont la preuve de l'antériorité
de la reculée par rapport à la dernière occcpation
glaciaire.
Les
grottes
- La grotte de
la source de l'Orbe
La partie aménagée de la grotte est caractérisée
par des formes classiques de dissolution (belles concrétions
fraîches et variées, en particulier fistuleuses
et cristallisations formées sous l'eau) calquées sur les
systèmes de fissuration ainsi que des roches rabotées
par l'érosion torrentielle.
- Les grottes
aux Fées
La grotte inférieure, jonchée de matériel éboulé
ainsi que de dépôts de toutes dimensions, constitue en
fait l'ancien lit d'un ruisseau souterrain ; d'ailleurs elle est encore
active en période de crues. La grotte supérieure, parée
des mêmes attributs que son homologue, ne fonctionne que très
rarement comme résurgence.
[hydrogéologie]
L'Orbe souterraine
La "source" de l'Orbe représente la plus
grosse émergence karstique de Suisse (en débit moyen). Son
bassin d'alimentation est estimé à plus de 200 km2. L'Orbe
prend naissance au lac des Rousses (France) et, après quelques
20 km de parcours à méandres
(orb = courbe), se jette dans le lac de Joux. En aval de ce dernier, elle
alimente encore le lac Brenet ; dès lors son cours devient souterrain
jusqu'à sa résurgence dans la reculée de la Dernier,
près de 3 km plus loin. Une partie de l'eau de la résurgence
vient des pertes
de la Vallée, une autre d'apports souterrains alimentés
par des infiltrations dans les terrains entre Vallée et résurgence,
ainsi que dans le Risoux. Les pertes de l'Orbe sont localisées
le long du bord N-W des lacs de Joux et Brenet (depuis très longtemps
le débit des pertes est contrôlé par des vannes).
Les émergences de la reculée de La Dernier
La reculée est le lieu de nombreuses sources. En
période de crues, les parois rocheuses n'y sont que cascades et
ruisseaux, l'eau jaillit de partout et les sources grossissent beaucoup.
Plusieurs réseaux karstiques voient leur eaux converger dans cette
vallée (cf. figure). 