karst
| calcaire
| dissolution | morphologie
[karst]
Karst est le nom d'une région de Slovénie
considérée dès les débuts de la spéléologie
comme modèle pour les reliefs calcaires érodés par
l'action dissolvante des eaux de ruissellement, qu'on nomme phénomènes
karstiques.
D'après B.Gèze, "le nom de karst
est donné à toute région constituée par des
roches carbonatées compactes et solubles (calcaires et dolomies),
dans lesquelles apparaissent des formes superficielles (exokarstiques)
et souterraines (endokarstiques) caractéristiques".
Par extension le terme karst s'utilise aussi pour définir des régions
formées de roches solubles telles que gypse et sel gemme.
Aucune rivière ne coule à la surface d'un karst. Un réseau
de fentes absorbe aussitôt les précipitations et les draine
en profondeur. Lorsque le niveau de base (imperméable) est atteint,
les eaux souterraines le suivent pour ensuite s'échapper du massif.
Le paléokarst désigne des phénomènes
s'étant produits il y a longtemps dans un système karstique
qui n'est plus actif aujourd'hui.
[les roches calcaires]
Les calcaires
appartiennent aux roches sédimentaires. Ces dernières résultent
de la transformation de substances diverses générées
par l'érosion (roches détritiques),
des réactions chimiques (roches hydrochimiques),
ou des êtres vivants (roches organogènes).
L'aspect de ces roches (faciès) et
la présence (ou non) de fossiles, renseignent sur le milieu de
formation (continental, lacustre, marin etc.). Les dépôts
s'accumulent, variant en quantité et en qualité, de sorte
que les couches successives se superposent. Le phénomène
dure pendant des millions d'années. Les couches finissent par durcir
et donnent des roches sédimentaires, lesquelles, suite à
d'éventuelles pressions et températures élevées,
changeront d'aspect pour donner des roches métamorphiques ; ainsi
les calcaires deviennent du marbre, les marnes des schistes.
Seules les roches salines (gypse, sel
gemme) ou carbonatées (calcaire,
dolomie) peuvent contenir des cavernes, en
raison de leur solubilité et de leur
résistance mécanique suffisante pour supporter la pression
des terrains encadrant la cavité. Il existe cependant des exceptions...
Les formations calcaires, qui renferment la majeure partie des cavernes,
datent de l'ère primaire (p.ex.500 Ma) comme de l'ère tertiaire
(p.ex.25 Ma). Ils représentent entre 4 et 6 % des terres émergées
de la planète.
Le calcaire est composé à plus de 50 % de carbonate de calcium
auquel se mêlent des impuretés (argiles, sable etc.). Ses
propriétés principales sont : dureté modérée
(rayé par l'acier), densité proche de 2,5, poreux ou compact
(selon son origine). Il réagit chimiquement aux acides. Sa couleur
va du blanc au gris. C'est une roche imperméable qui se dissous
dans l'eau chargée de gaz carbonique. Soumis à des contraintes,
il se déforme en se fissurant (suite aux mouvements tectoniques).
[dissolution]
La
corrosion prédomine. Le carbonate
de calcium, constituant prépondérant des roches calcaires,
ne se dissous que faiblement dans l'eau pure ; mais cette dissolution
s'accroît en présence de gaz carbonique.
La proportion de ce gaz dans l'atmosphère, bien que relativement
faible, suffit à multiplier par 4 ce pouvoir dissolvant, qui croît
à mesure que la température de l'eau s'abaisse.
Le gaz carbonique se dissous dans l'eau ; une partie se combine avec elle
pour former de l'acide carbonique. L'acide carbonique réagit sur
le carbonate de calcium (insoluble) pour former du bicarbonate de calcium
soluble. Le bicarbonate dissous voyage avec l'eau courante, laissant un
vide (la caverne en formation) et un dépôt dû aux impuretés
insolubles (argile,sable,etc.).
Cette réaction résulte d'un équilibre chimique dans
lequel les quatre éléments demeurent simultanément
en présence. La variation de l'un d'entre eux (eau qui s'évapore,
% variable de gaz carbonique dans l'air des cavernes) déclenche
des réactions allant de la gauche vers la droite (de la formulation)
ou vice-versa ; ce que traduisent les doubles flèches liant les
deux termes de l'expression.
Aux phases de creusement (eau insaturée
agressive), vont succéder des phases de dépôts
(précipité), durant lesquelles s'élaborent les concrétions
si pittoresques. Le bilan global des cycles reste cependant favorable
au creusement, sinon il n'y aurait pas de cavernes !
Comme toujours la réalité se révèle plus complexe.
L'eau traversant un tapis végétal (humus) se charge d'acides
organiques ; des nodules métalliques inclus dans la roche
(pyrites) engendrent d'autres composés ; les argiles sont le siège
d'une vie bactérienne contribuant à l'attaque du support.
Tout ceci complète, sans l'infirmer, le phénomène
majeur décrit.
[morphologie]
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La géomorphologie est l'étude des formes
terrestres (superficielles ou souterraines, à petite ou grande
échelle) et de l'évolution du relief.
Formes de surface
Les lapiés
sont des rainures de dissolution à la surface des bancs calcaires.
Le terme lapiaz désigne un champs
de lapiés. Ces formes varient selon l'altitude, le couvert végétal,
la position structurale des bancs, la quantité de précipitations.
Dépressions karstiques
Les dolines
sont des dépressions fermées de forme ronde à ellipsoïde,
généralement plus larges que profondes. Il en existe de
toutes sortes, distinguées par leur morphologie ou leur origine.
La coalescence de plusieurs dolines forme un ouvala.
Un poljé est un bassin fermé
de grandes dimensions, à fond plat, drainé en sous-sol ;
dans sa partie avale il comporte des ponors
(avens, pertes,
emposieux), puits dans lesquels disparaissent les eaux de ruissellement.
Formes fluvio-karstiques
Les vallées sèches
sont créées par érosion fluviatile et progressivement
asséchées par l'enfouissement du karst, les écoulements
devenant alors souterrains. Les reculées
sont des gorges kilométriques se terminant par un cirque
calcaire (ou bout du monde), au pied duquel
jaillit une résurgence. Les canyons
sont définis comme des gorges importantes taillées dans
une structure tabulaire ; ils sont creusés par des cours d'eau
à fort débit, ce qui permet un écoulement superficiel
malgré la logique d'infitration karstique.
Le réseau souterrain
Le réseau karstique
(souterrain) s'organise verticalement de la manière suivante (de
haut en bas). La zone d'absorption, proche
de la surface, conditionne le mode d'infiltration ; l'eau profite de son
réseau de fissures pour disparaître en profondeur. La zone
vadose
ou zone de transfert est caractérisée par son écoulement
libre, son orientation généralement verticale. La zone
épinoyée correspond à la zone de fluctuation
du niveau de base sous l'effet des crues. Enfin , le substratum
est constitué des niveaux étanches de base qui empêchent
les eaux de s'infiltrer encore plus bas ; il équivaut au niveau
moyen de la zone noyée.
Formes des galeries
Les galeries
de section elliptique caractérisent les grottes formées
en régime noyé (la corrosion d'un joint
de stratification s'y exerce dans toutes les directions et les
galeries formées ont une section en forme de lentille, voire circulaire).
Les méandres, galeries étroites
et sinueuses, sont creusés à l'air libre par des cours d'eau
souterrains à régime torrentiel. une section
en trou de serrure correspond au creusement d'un méandre
dans une galerie elliptique, en régime vadose.
Concrétions
On trouve dans les cavités plusieurs types de concrétions,
formées à partir de carbonates :
- les stalactites, cônes formés
par l'eau qui dégouline de la voûte, croissent de haut en
bas ;
- les stalagtites, cônes formés
par le dégoulinement de l'eau sur le sol de la grotte, croissent
de haut en bas ;
- les excentriques, concrétions allongées,
fines, recourbées dans tous les sens ;
- le mondmilch (lait de lune), dépôt minéral prenant
la forme d'une pâte blanchâtre, tendre lorsqu'hydratée,
crayeuse lorsqu'asséchée ;
- les fistuleuses
(macaronis), fines concrétions (tube de 6 à 8 mm) fréquentes,
formées par le suintement d'eau provenant d'une étroite
fissure dans la voûte;
- les gours, concrétions en forme
de petits barrages situés en travers de galeries à faible
pente où la circulation de l'eau sur le sol est active mais pas
torrentielle ;
- les draperies, concrétions ondulées
formées par un dépôt de calcite sur le trajet d'une
eau percolant le long d'une arête sinueuse ;
- les colonnes (piliers),
soudures d'une stalactite et d'une stalagmite. 
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