| résumé
| formation du Jura
| temps géologiques
| situation | géologie
| hydrogéologie
[résumé]
- Grotte-perte creusée
par l'érosion
karstique des eaux superficielles de la vallée du Locle,
toutes drainées vers cet unique exutoire.
- Vitesse de creusement
du gouffre accentuée lors du dernier Ma.
- Cavité intéressante
par son aménagement préindustriel (moulins, scierie).
[situation]
Le Col-des-Roches est situé à 2 km à
l'W-SW
du Locle, à la frontière française, dans une haute
vallée du Jura neuchâtelois (dans "les Montagnes")
dont la particularité est d'être fermée (vallée
sèche), c'est-à-dire que ses eaux n'en sortent qu'en empruntant
un chemin souterrain.
[géologie]
A
la fin du Crétacé
(env.70 Ma), alors que les dépôts sédimentaires s'ammoncèlent
au fond de la mer qui recouvre nos latitudes, des poussées du sud
induisent les premiers plissements du Jura. Petit à petit les reliefs
émergent pour former les structures anticlinales
et synclinales. De morphologie synclinale
(flanquée au nord par l'anticlinal de Pouillerel et au S par celui
de Som Martel - le Mont Cornu), la vallée du Locle reste dans un
premier temps immergée sous un bras de mer isolé et très
resserré entre deux falaises, ce qui en fera un lac.
La phase finale du soulèvement du Jura permet aux cours d'eau de
creuser plus profondément dans les couches sédimentaires,
ainsi l'érosion régressive du Doubs creuse de mini-canyons
. Dans la vallée du Locle, le Bied entame le seuil calcaire (du
Malm
sup.) des Roches-Houriet / Roches-Voumard (anticlinal de Pouillerel),
permettant ainsi aux eaux de s'écouler dans la vallée suivante,
celle de la Rançonnière, située sur sol français.
L'entaille du Col-des-Roches témoigne de cet épisode important.
Par la suite un décrochement
transversal dans l'anticlinal de Pouillerel désolidarise les deux
parois rocheuses qui surplombent aujourd'hui le Col-des-Roches. Grâce
à ce mouvement tectonique,
les eaux peuvent désormais s'échapper de la vallée
du Locle en s'infiltrant dans les couches argoviennes
imperméables désormais déchirées. Leur cheminement
souterrain dépasse les 2.5 km, du point d'absorption (pertes)
au point de résurgence.
De manière générale il est reconnu que l'évolution
d'un relief karstique
est considérablement ralentie (voire souvent stoppée) durant
une période glaciaire. C'est le cas dans la vallée du Locle,
dont les activités karstiques reprennent vers la fin de la glaciation
würmienne.
A cette époque elle est occupée par un lac qui, malgré
quelques fluctuations climatiques, survivra pendant des millénaires
pour se transformer en marais, lequel sera finalement asséché
lors du XIXe siècle.
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1. Marno-calcaires lacustres oeingiens
2. Molasse marine helvétique
3. Calcaires valanginiens
4. Portlandien
5. Kimméridgien
6. Séquanien
7. Argovien
8. Oxfordien réduit
9. Dalle nacrée et marnes calloviennes
10. Forest-Marble
11. Grande Oolithe
(cf. glossaire)
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[hydrogéologie]
Le Bied est un ruisseau à régime
torrentiel dont le bassin se rattache à celui du Doubs.
Débit min. : 35 l/sec (étiage
1906)
Débit max. : 17'000 l/sec (crue de 1910)
Débit moy. : 250 l/sec
Il prend sa source à la Combe-des-Enfers et reçoit les eaux
d'autres combes.
Il traverse ainsi la vallée en direction de l'exutoire du Col-des-Roches
(emposieu
des Roches-Houriet). La plus grande partie de son cours a été
canalisée. Comme il est sujet à des crues rapides, les Loclois
ont entrepris par le passé des travaux considérables pour
pallier les inondations :
- 1805 : percement d'une galerie à travers la paroi des Roches-Voumard
- vers 1900 : travaux de drainage
- entre 1968 et 1973 : travaux de drainage, construction d'un ruisseau
endigué dans la plaine et d'un bassin de rétention.
Aujourd'hui tout danger est écarté.
Parcours souterrain du Bied
Creusé dans le Portlandien.
Expérience de coloration des eaux (1980):
Cinq kilos de fluorescéine
ont été déversés dans la grotte des moulins
souterrains. Toutes les sources susceptibles d'avoir une correspondance
avec la perte sont surveillées. Trois jours après le "lachage",
les fluorocapteurs découvrent une première réapparition
qui va démontrer l'importance du décrochement-faille dans
le cheminement des eaux souterraines.
Les sources situées à gauche du décrochement n'ont
pas été colorées. Seuls les points localisés
dans le prolongement dudit décrochement se sont révélés
positifs. Cette zone faillée agit à la fois comme barrière
et comme drain. Elle constitue une zone de drainage transversale évidente.
De plus, le parcours du Bied est beaucoup plus long que la configuration
du sol pouvait le laisser supposer. En effet le point d'absorption et
les résurgences sont distants à vol d'oiseau de 2.750 km.

